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STRASBOURG-NEUHOF#1
RENCONTRER#2
DES ACTEURS SOCIAUX

L’objectif de cette résidence est de donner accès aux étudiant.es aux diverses réalisé de ce quartier complexe et difficile d’accès. Les liens tissés lors de la résidence Extraordinaire de 2019 sont restés actifs. Le projet de François à la Ingold reste dans les mémoires comme un temps fort du quartier de ces dernières années. Les acteurs sociaux du quartier s’ouvrent à nous sans difficulté que ce soit en venant partager un temps dans notre salon ou en nous accueillant dans leur structure.

Les voici en scène et en paroles pour certains faisant office d’articles particuliers

et ci-dessous des extraits de certaines rencontres dont l’intégralité est consultable dans le n°6 de la revue Play>Urban


Carterine Carteni, directrice de la JEEP Neuhof-Meinau, et son équipe, Mondher Abdelkrim, Margot Paupart, Alexia Alibert, Enrico Marengio, Eleonor Plazer, Alexis Gérard, Lucas Ovrouski

(…) CATHERINE : le quartier a vécu beaucoup de programmes de développement social du quartier. Aujourd’hui c’est l’ANRU [Agence Nationale de Rénovation Urbaine], ils sont dans une phase 2, avec toujours cet objectif avoué de mixité sociale dans le quartier. En périphérie vous avez des maisons, mais une fois que les enfants vont à l’école, il y a des dérogations ou les gens déménagent. Il n’y a pas trop de mixité dans le quartier. Vous allez rencontrer Eric Faure qui vous expliquera la situation particulière du Polygone, sa longue histoire […]. Nous, on a beaucoup travaillé avec la direction de territoire pour voir comment travailler avec
les familles dans la cité, les manouches. Les voisins ont du mal avec ces familles, le bruit, la musique… Donc un ilot a été mis en place spécialement pour ces famille, comme un ghetto dans un ghetto. On a demandé à Gilles Castel qui travaille à la Direction de Territoire, de venir expliquer ce dont le quartier bénéficie en termes de rénovation urbaine et d’objectifs. J’attends une réponse. Après, dans le quartier personne ne travaille seul, on travaille avec les structures qui sont présentes. La Clef des Champs accueille les enfants, donc elle travaille avec les parents qui les déposent. Des structures qui accueillent directement les adultes, il y en a peu, à part AGATE, Sylvain vous expliquera cela. Le quartier vit différemment la semaine et le week-end. Le week-end les gens sortent plus volontiers dehors, s’il fait beau il y a des piscines au coin des immeubles, des barbecue qui s’organisent.

(…)


Eric Faure, ancien directeur d’école au Neuhof et fondateur de l’association LUPOVINO, Lutte Pour une Vie Normale, structure de soutien aux populations Rom du quartier du Polygone.

ERIC FAURE : le Polygone [terme générique pour désigner les lieux d’exercice de l’armée] n’a jamais été un quartier, c’est un terrain, un polygone d’exercices militaires, polygone d’explosions [où apprendre le lancer de grenade], créé en 1720. C’était des champs. C’est resté le nom du quartier, c’est une zone très importante, ca va du nord de l’aérodrome jusque au parc Schulmeister, jusque à peu près la maison Reuss. Ca c’est le Polygone, donc quand on dit Neuhof cité, c’est inexact, on devrait dire la cité du Polygone. On le retrouve dans les IRIS, les périmètres statistiques pour l’Insee, ils ont gardé l’appellation d’origine. [Dehors des enfants jouent]. La limite nord, c’était la voie de chemin de fer, à peu près. Le Polygone commence à la maison Reuss. Django, c’est le Polygone. Le collège Solignac, le parc Schulmeister aussi. Quand je disais ça il y a quelques années tout le monde pensait que c’était de la provocation, maintenant ça commence à rentrer dans la tête des gens. La cité du Neuhof est un nom impropre, elle est plus loin. Mais il y avait une conotation désagréable. Ce terrain militaire a servi à des exercices, il a connu des heures de gloire à l’époque où Napoléon III y a fait un défilé, Charles X aussi, c’est un endroit où on pouvait faire des festivités militaires ‘sympa’. Quand c’est devenu allemand en 1870 le Kaiser Guillaume en a aussi fait. La destination, c’était militaire.

(…)


Sophie Fauroux pasteur et responsable de l’association La RESU d’aide aux habitants du quartier

 

 

SOPHIE FAUROUX : Quand je fais des visites et que je rentre chez les personnes du quartier, le livre c’est le Coran. Tu rentres, il est dans l’entrée, posé. Les habitants de cette maison croient. En général c’est une petite tablette qui fait l’angle. Comme en Alsace, l’armoire à schnaps est dans un angle. Sur la tablette le livre est dressé. Je me dis que dans tous les projets que l’on va faire l’année prochaine en mémoire de Gutenberg, de la Bible de Gutenberg qui était le premier livre imprimé, il va falloir qu’on intègre aussi l’autre livre. Ce serait intéressant d’aborder cette question avant l’année prochaine.

FRANÇOIS : Strasbourg sera la capitale mondiale du livre.

SOPHIE : c’est un certain livre, au démarrage…

FRANÇOIS : on ne t’a pas présentée.

SOPHIE : je suis pasteur et directrice d’une petite association qui s’appelle la RESU, rue du Commandant François. D’autres livres, j’en vois pas beaucoup quand je vais chez les gens. Je vois même pas de revues. Nous on a une cabane à livres. Ce qui part c’est ce qui tourne autour du bien être, les dictionnaires, c’est considéré comme bien et bien d’en avoir à la maison pour les enfants, ca va les aider pour leurs études.

(…)


Lucette Tisserand, enfant du quartier, cheville ouvrière de l’association AGATE avant de devenir conseillère municipale aux élections de juillet 2020

Ce n’est pas un quartier comme les autres, vous pouvez dire ce que vous voulez.
On a toujours relogé ici des familles dont on ne sait pas quoi faire. On évacue les gens. Au Neuhof, il y a même des ‘super poubelles’, la Ingold par exemple.

Dans les années 80 sont arrivées des familles encore plus fragiles. Qui n’iront pas ailleurs. Ça produit des ghettos dans le ghetto. Les gens ne comprennent pas pourquoi on donne des logements à des étrangers. Conjugué avec le mauvais entretien des bailleurs.

Le but [de mon travail], arriver dans des entrées où ça ne sente pas la pisse et la merde.

On a de bonnes discussions avec les gens.

Au Polygone, un groupe de jeunes s’investit, joue au foot, a des demandes, de lumière, d’eau, on arrive à faire des petites choses.

(…)


 

Peline Cakici et Emmie Obergfell-Davin, en service civique à l’Espace Django

PELINE : nous sommes en service civique à Django. On a un projet avec Adèle [Association Glaubitz]. A Django on a fait l’ouverture du trimestre, Adèle est venue avec des personnes non voyantes, elles pouvaient pas lire le programme. On a fait un programme en braille mais ca ne marche pas. Du coup on a développé un programme audio et une maquette 3d de la salle de concert, pour des visites sensorielles. On a exposé la maquette dans le hall mais juste comme ça, c’est pas mis en valeur, or l’idée c’est qu’elle soit inclusive. Comment l’être dans une installation.

CAMILLE : sur les programmes il y a un QR code, pour l’entendre en version audio, sur un site.

EMMIE : on doit finir pour septembre, on enregistre les sons la semaine prochaine.

PELINE : vous pouvez venir la voir. Notre service civique se termine dans un mois. On a zéro attente, on doit faire une présentation de la maquette, ca vous intéresse de nous aider à rendre ca bien ? Elle doit être accessible de tous cotés pendant les visites sensorielles.

(…)


Sylvain Girolt et Chaala Refkan pour l’association AGATE, Association de Gestion des Ateliers de Neuhof

SYLVAIN : à l’AGATE, On a plusieurs ateliers : un atelier qui comprend toutes les problématiques du logement, les réparations, les charges locatives, les expulsions. On suit les travaux de rénovation, avec les bailleurs aussi. Depuis 2019 on est sur le secteur Reuss, malgré le fait que les travaux sont finis depuis plus d’un an, il y en a toujours en attente. Ensuite, on a un atelier communication. On avait deux publications : le Journal du Neuhof et en 2002 on a sorti un 4 pages qui est devenu un 16 pages, il s’appelait Les Brèves du Neuhof. Mais le Journal du Neuhof, ça fait au moins 10 ans qu’il n’a pas paru, et les brèves du Neuhof à peu près 8 ans. Manque de budget. Dans cet atelier on avait aussi Les débats des Lundis de l’AGATE. Le dernier date de 2011. On prenait un thème, la mixité sociale, les données de l’INSEE dans tous les domaines, professionnel, chomage, éducation, tout ça. On avait à l’époque invité les cabinets d’architectes qui travaillaient sur la rénovation du quartier. C’est un des moments où il y avait pas assez de place dans la salle. Ca aussi depuis 2011 on a plus réussi à le mettre en place, mais ce sont des choses qui restent dans nos têtes. On avait un atelier école qui ne fonctionne plus depuis la disparition de la vice présidente en 2018. On est comme tout le monde, on a des difficultés à trouver du monde, notamment depuis la covid. Ensuite on a un concours du mur fleuri, ça continue, on est dans la 38ème année. En 2020 ça n’a pas eu lieu mais on a repris. C’est toutes les cités. On fait un passage au mois de juillet sur deux jours, avec un jury, on note, et il y a une remise des prix avec un après-midi thé dansant, orchestre et compagnie. Ca fait deux ans qu’on peut pas faire la remise des prix, la salle de l’église n’est plus accessible par mesure de sécurité et les autres salles sont trop chères. On a le concours plein feu au sud au moment de Noël, on l’a pas fait l’année dernière en raison de la sobriété énergétique. On allait pas inciter les habitants à dépenser plus d’électricité.

FRANÇOIS : c’est des feux de voitures ?

SYLVAIN : [rit] pourquoi tu dis tout ? Le 31 décembre c’est notre final ! C’est quelque chose qu’on espère reprendre cette année. On a fait un petit tour dans le quartier, sur l’ensemble des cités il y avait à peu près 30 personnes qui ont illuminé.

(…)

 



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