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Mayotte-Royaume des Fleurs
esquisser#21
Saïd Baco Rayanti

Au départ j’avais choisi la plage des Badamiers mais je pense que finalement ça sera à Pamandzi ou sur la plage du Faré. Je vais porter une robe de mariée et avec cette robe je ne vais pas me marier mais je vais faire une danse traditionnelle qui ressemblera un peu au Debaa, mais à ma façon. Je vais transmettre cette danse avec la robe qui n’est pas de chez nous, nous les Mahoraises, on ne la porte pas du tout. Ça s’appellera “Le mariage.” 


Vendredi 24 et samedi 25 septembre, sur 2 après-midi et débuts sont présentés dans les espaces urbains et naturels de Grande Terre une série d’esquisses de projets (performances, installations, vidéos…) quelque chose d’un geste en devenir s’y lit. Les projets ne sont pas finalisés, comment auraient-ils pu l’être en 3 semaines de résidence alors que les étudiants de Strasbourg et de La Réunion venaient à Mayotte pour la première fois. Il leur fallait avant tout commencer à comprendre où ils mettaient les pieds afin produire des gestes suffisamment en résonance avec les réalités très complexes de l’ile. Certains projets devraient être poursuivis prochainement d’autant que certains étudiants nomment leur désir de prolonger un temps leur présence ici.

 

Je m’appelle Saïd Baco Rayanti, j’ai 21 ans, je suis née à Mayotte. Mon père s’appelle Saïd Baco Saïd, il est aussi né à Mayotte. Ma mère s’appelle Saïd Aichati, elle est née à Madagascar. Le père de mon papa s’appelle Baco Mwengné, il est né également ici à Mayotte. Le père de ma mère, il s’appelle Abdallah Saïd, il est né aux Comores. La mère de mon père, elle s’appelle Houmadi Rayanti comme moi, elle est née aux Comores et la mère de ma mère s’appelle Fatima mais je ne connais pas son nom de famille, elle est née aussi aux Comores. 

Je n’ai pas du tout de famille à Madagascar, ma mère est juste née là-bas et aux Comores. Il y a les sœurs de ma mère, côté paternel seulement. J’y suis allée trois fois, j’aime beaucoup. Je me sens à la fois Comorienne et Mahoraise. Mayotte, c’est chez moi, normal.

Je ne fais rien spécialement, je suis juste là avec ma famille, on s’amuse, on profite de la vie, du travail au Royaume des Fleurs, on y accueille des jeunes de 4 ans à 18 ans, on leur apprend à faire, on anime des activités, on fait des créations, c’est aussi un laboratoire. Ça nous apporte beaucoup, ces échanges avec les étudiants de Play>Urban, ils viennent de loin, ils viennent travailler avec nous danseurs, ils nous apportent leur savoir-faire de scénographes et nous leur apportons les nôtres. 

J’ai proposé une promenade chez moi, là où j’ai grandi, à la Vigie, j’ai montré la maison où j’ai vécu depuis 19 ans et celle dans laquelle je vis depuis que j’ai quitté la maison familiale, parce qu’à 19 ans je me suis mariée. Là où j’ai vécu et là où j’habite actuellement. 


MON ROYAUME, MON CHEMIN, MOI
Avoir découvert « l’antenne », nous avons commencé à descendre dans le cœur du quartier à la découverte de mon lieu de résidence, mon petit royaume. En effet la tradition Mahoraise veut que les parents construisent une maison pour la jeune femme avant son mariage. Toujours selon la tradition, c’est l’homme qui emménage chez la femme et à charge à l’homme d’équiper (meuble, électroménager…) toute la maison. Cette tradition se perd puisque de nos jours de plus en plus d’hommes construisent leur maison et y amène leurs épouses.
À une dizaine de mètres de ma maison se trouve la maison de mes parents, là où j’ai grandi depuis mes 2 ans. À l’image du quartier, nous avons grandi dans une situation très modeste pour ne pas dire précaire. Si aujourd’hui il y a l’eau et l’électricité, ça n’a pas toujours été le cas. Comme quasiment tous les habitants du quartier, nous avons du, jadis, aller puiser l’eau dans les « fontaines » situées un peu plus bas de la maison de mes parents. Mon quartier, là où tous les enfants jouaient. Bien sûr, le béton a pris la place des maisons de fortune. La fontaine est un point d’eau installé par les pouvoirs publics pour permettre aux habitants du quartier d’avoir accès à l’eau. C’est une installation toute récente qui n’a même pas 3 ans d’âge. Avant ça c’était l’entraide qui prévalait ; les habitants qui n’avaient pas l’eau se servaient chez les voisins qui possédaient l’eau gratuitement ou moyennant le paiement. Des habitants et très souvent des enfants parcouraient de longues distances pour se réapprovisionner en eau.

 

 

 



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