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Generate audiences

Or the spectator as a permanent question in Play/Urban « dispositifs » 
Ou la question du spectateur comme enjeu permanent des dispositifs de Play/Urban

Generate audiences is a concept coming from the experimentation by artists collective Joubert Park Project (Dorothée Kreutzfeldt, Joseph Gaylard, Bie Venter), who worked between 2004 and 2010 on a series of artistic projects in the context of downtown Johannesburg. Instead of considering the public as « captive » of a moment of representation (theatrical way of thinking), it is about developing  » dispositifs » who, by working by contamination, through shiftings, by immersion of artistic proposition in the city, create situations where people are becoming an audience. Gestures which are between visible and invisible, situations between daily life and theatricality.

staging dispositifs in urban space is a way to « generate » audiences, it creates intense and various interactions, where people, whatever their knowledge is, their education, their history, their culture, have, in general no difficulties to position themselves, to interrogate, to criticize, to dialog with what has been proposed, however enigmatic or so called « complex » it can be, if the way things are staged is made in an open and non formatted way, without anticipating their reaction. It refers to the question of audiences in an emancipation and non-authoritarian way, as for instance Jacques Rancière puts it (see The emancipated spectator).

From this hypothesis, it is about, for Play/Urban, inventing and putting into practice immersive « dispositifs » in the city. They interrogate this dimension of experience of the individual. Here, the porosity between day-life time-space and extra day-life one, between fiction and reality state (but what is this reality state ? ) opens to an infinity of intermediary states. The notion of ’event’ becomes secondary. We are getting far from the idea at a certain time, in a certain adverted place, a spectacular event will take place. This is still a possible form of inscription of an event in urban space, but among others.

The experience of the spectator (is he still a spectator ? or do we speak about an individual) is often multi focused, brief,
fragmented. Instants stolen while passing by. It is no longer about an assignment, about a given seat/position. Extended time is possible, but consented (we decide to stay). The state of contemplation too, but often interrupted, the traffic has to be managed. If the energy is strong, intense, the environment is shifting, which plays with the « dispositif ». At the reverse, it can be a brief instant, passing by.

Street is no longer the context, it is the action itself. The experience is no longer primarily visual. 

We come to the point to interrogate the conventional « dispositifs » of exhibition in the field of art, theatrical spaces as well as museums, etc. In fact, by interrogating these conventions, these codes, the way a spectator makes experiences from an object he is watching, we see new spaces appearing, making possible an access to singular and multiple audiences. But it is impossible to quantify, to confirm. No certainty.

The limit between art experiences and life becomes blurred.


Generate audiences est un concept issu des expérimentations du collectif d’artistes Joubert Park Project (Dorothée Kreutzfeldt, Joseph Gaylard, Bie Venter), qui a développé entre 2004 et 2010 un ensemble de projets artistiques in situ dans le centre ville de Johannesburg. Plutôt que de considérer le public comme « captif » d’un moment de représentation (pensée théâtrale), il s’agit de penser des dispositifs qui par capilarité, par glissement, par immersion de gestes artistiques dans la ville, inventent des situations de spectateurs. Des gestes entre visible et invisible, des situations entre quotidien et théâtralité.

Aller au devant des publics en inscrivant des dispositifs de création dans l’espace urbain, « génère » des audiences, fabrique des situations d’interaction intenses, diverses, où les gens, quelques soient leurs connaissances, leur éducation, leur histoire, leur culture, n’ont en général pas de mal à se positionner, à interroger -à critiquer-, à dialoguer avec ce qui leur est proposé, aussi énigmatique ou soit disant « complexe », « difficile » soit-il, à partir du moment où c’est fait de manière ouverte et non formatée, sans présupposer de leur réaction . Cela renvoie à la question des publics dans une dimension émancipatrice et non autoritaire, au sens où l’entend, par exemple, Jacques Rancière (voir notamment, Le spectateur émancipé).

A partir de cette hypothèse, il s’agit dans le cadre de Play/Urban d’inventer et de mettre en pratique des dispositifs en immersion dans la ville, qui interrogent cette dimension de l’expérience de l’individu. Ici la porosité entre espace-temps quotidien et espace-temps extra quotidien, entre états de fiction (cette expression de spectateur : « je suis rentré dedans« ) et états de réalité (mais qu’est-ce qu’un état de réalité ?) ouvre à une infinité d’états intermédiaires. La notion d’événement devient secondaire. On s’éloigne de l’idée qu’à une heure dite, dans un lieu annoncé, se déroulera un événement spectaculaire. Cela reste une forme d’inscription possible dans l’espace urbain, mais parmi d’autres.

L’expérience du spectateur (est-il encore spectateur ? ou parle t’on plutôt d’individu) est souvent multi-focale, brève, fragmentée. Faite d’instants volés en passant. Il ne s’agit plus d’une assignation, d’une place donnée. Le temps long est possible, mais consenti (on décide de rester). L’état contemplatif aussi, mais souvent interrompu, il faut gérer la circulation. Si l’énergie est forte, intense, c’est tout l’environnement qui bascule, qui joue avec le dispositif. Au contraire, il peut s’agir d’un instant, bref, en passant.

La rue n’est plus le contexte, elle est l’action elle même. L’expérience n’est plus fondée sur la primauté de la vision.

Cela conduit ainsi à interroger les dispositifs conventionnels de monstration de l’art, aussi bien les lieux théâtraux que les musées, etc. En effet, en interrogeant ces conventions, ces codes, la manière dont un spectateur/individu fait expérience d’un objet regardé, on s’aperçoit que des espaces apparaissent qui rendent possible l’accès à des publics singuliers, multiples. Mais cela reste impossible à quantifier, à confirmer. Aucune certitude.

La barrière entre expériences d’art et de vie s’estompe.



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