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MAYOTTE-ROYAUME DES FLEURS
ESQUISSER#7
Magalie grondin – c’est quoi ça?

Mon projet s’appelle “C’EST QUOI ÇA”. Récolter des récits, gratter à la surface des corps et de la terre, soulever les silences et deviner l’horreur des traversées, de la faim derrière les murs aux tessons de verre. En arrière-plan, les paysages changent tout le temps. Finalement, ce sont les corps des gens que j’ai photographiés.


Vendredi 24 et samedi 25 septembre, sur 2 après-midi et débuts sont présentés dans les espaces urbains et naturels de Grande Terre une série d’esquisses de projets (performances, installations, vidéos…) quelque chose d’un geste en devenir s’y lit. Les projets ne sont pas finalisés, comment auraient-ils pu l’être en 3 semaines de résidence alors que les étudiants de Strasbourg et de La Réunion venaient à Mayotte pour la première fois. Il leur fallait avant tout commencer à comprendre où ils mettaient les pieds afin produire des gestes suffisamment en résonance avec les réalités très complexes de l’ile. Certains projets devraient être poursuivis prochainement d’autant que certains étudiants nomment leur désir de prolonger un temps leur présence ici.

Emportée dans ce voyage de Mayotte, je découvre une terre qui ressemble à mon île il y à 40 ans. Un morceau d’Afrique par sa couleur, sa beauté brute et surtout ses habitants. Ses vivants arrivent des Comores, de Madagascar, de Tanzanie, du Zaïre, du Mozambique, du Congo… Le peuple mahorais, le peuple français se forge au bord de l’Afrique.

J’observe les corps, les matières pour commencer à constituer comme un lexique de formes. Derrière la beauté des fleurs de jasmin qui nous accueillent, je vois les murs aux barbelés. Derrière la transe des corps qui dansent se dévoilent avec pudeur les histoires des vivants. Ici on a péri et on a survécu à toutes les traversées. Ici on a faim. Et les corps affamés se brisent aux murs aux tessons de verre, gardiens des garde-mangers.

avec Abdallah Karim, Hedi Boucherati Hassan Ali. Ibrahim Artadjidine, Judicaella Yvonne Ramilison, Lucien Duconseille, Tina Miradji


Marcher en petite terre

Les pieds dans la poussière

Se perdre dans le labyrinthe des rues

Se rencontrer, s’accompagner, se raconter

Gratter à la surface des corps et de la terre

Soulever les silences et deviner l’horreur des traversées

de la faim derrière les murs aux barbelés

Et revenir à la beauté insulaire des îles de la lune

Barger vers Grande Terre dans un va et vient infini

Arrimé aux corps des dansants et des engloutis.


Magalie Isabelle Grondin, fille de Marie-claudette Robert et d’Yves Henrio Grondin, petite fille du côté maternelle de Marie Esperie Cadet et du côté paternel de Marie Espéry Leveneur (tous nés à La Réunion). 

Il y a une histoire de famille un peu terrible. Finalement dans mon sang, il n’y a pas de Grondin, je ne connais pas mes grand-pères, je me bats sans arrêt avec ma mère et ma grand-mère pour qu’elles me transmettent des récits afin que je puisse reconstruire mon arbre généalogique. Il y a des trous dans mon arbre, c’est très flou, personne ne peut me raconter. C’est d’ailleurs devenu un sujet d’étude dans ma recherche plastique : savoir d’où je viens. J’ai une d’histoire à régler, alors je me sens enracinée à La Réunion, j’ai besoin de comprendre mon territoire avant de me sentir appartenir au monde.

J’ai besoin d’avoir des réponses que je ne trouve pas et j’ai l’impression d’être un peu sur les traces de potentiels ancêtres, ici à Mayotte, mais c’est complètement imaginaire, est-ce que je saurai un jour ? 

Je n’ai pas vraiment choisi de lieu, même si j’ai beaucoup aimé la visite chez Rayanti, la redescente dans la Vigie, ce dédale de terre. J’en garde des images très fortes. 

 

 

 



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