3ème jour / objets ethnographiques / ethnographic objects
Auteurs / Authors : Kemang Wa Lehulere, Emilie Albert, Xue Yingjun, Marie Fricout
Participants : Kemang, Emilie, Yin Jun, Marie, passants entre le Parlement et le port du Rhin
Lieu / Place : Strasbourg : quartier du Parlement, quartier des quinze, quartier du port du Rhin
Date(s) : mai 2011
Durée (processus jusqu’à présentation ou à préciser / Duration (process until presentation or to be specified) : une heure
Description :
médium : récolte d’objets donnés par des passants
concept : questionner la possibilité de l’analyse d’une population
Restitution : exposition des objets classés sous vitrines
Axes de recherche / Research axes (Play/Urban) : People as infrastructure
Protocoles (collectif) d’action / (collective) action protocols : Créer un contact avec des passants par le biais d’objets personnels qu’ils possèdent.
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FREE SPACE
Nous décidons d’abord d’un lieu : le parlement européen, hautement symbolique. Puis nous cherchons une manière d’aborder les gens : nous décidons de leur faire vider le fond de leurs poches, plus précisément de leur demander si ils accepteraient de nous donner un objet qu’ils ont sur eux. Puis nous choisissons de rendre ce processus nomade et de l’expérimenter dans différents quartiers. Ainsi nous partons du parlement, pour nous diriger ensuite vers le quartier des quinze, plus résidentiel, et finir par le port du Rhin, plus en marge. Les échanges diffèrent selon les lieux, les disponibilités des gens sont différentes. Au parlement nous avons essentiellement affaire au personnel de sécurité, au quartier des quinze à des passants, en transit d’un lieu à un autre, au port du Rhin les gens sont installés dans la rue, ils discutent entre eux.
Notre récolte d’objet ayant été fructueuse, nous décidons de l’exposer, tel un matériau ethnographique. Nous offrons au public d’observer, derrière une vitrine, des chercheurs en train d’étiqueter et classer par quartier chacun de ces objets. Une vaine et cynique tentative d’analyser la population, de la classer par ses objets comme elle peut-être classée par ses bâtiments ses quartiers.
Récit d’Émilie
“Quartier du Port du Rhin. C’est la première fois que je marche dans ce quartier, dans ces rues. Quelques cafés tout de même. Quelques personnes dans la rue ou aux terrasses discutent. Atmosphère étrange bien que détendue. Nous abordons deux jeunes hommes d’une vingtaine d’années, assis à la terrasse d’un café, leurs verres sont vides. Surpris puis amusés par notre démarche, ils se prêtent volontiers au jeu, l’un d’eux nous donnant un des glaçons restant dans leur verre. Objet amusant puisque non pérenne, acheté, mais sans valeur aucune. Le deuxième semble trouver “l’objet” trop “faible” et comme pour nous rappeler où nous sommes et qui ils sont, il sort un morceau de résine de cannabis de sa poche, en coupe un petit morceau et nous le tend d’un air charitable, un sourire en coin. Un objet qui leur ressemble plus semble-t-il penser, un objet qui semble leur donner une certaine valeur, une certaine identité dans la société. Nous les remercions, nous apprêtons à partir quand le premier jeune homme sort une pièce d’un euro de sa poche et nous la tend.”