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Récit d’espace 2 – Strasbourg

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Auteurs / Authors : étudiants et profs Cambre / Esad

Description : Description écrite d’un environnement délimité par le seul champ de vision, les participants sont disposés en cercle et embrassent (leurs yeux tous réunis) la place à 360°. Écriture automatique pendant trente minutes.

Le lendemain, lecture des descriptions par chacun en simultané sur la même place. Les descriptions écrites et photos sont laissées au vent.

Axes de recherche / Research axes (Play/Urban)  : Game/play

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In situ (may include different times > time 1, time 2, time 3, etc..)/ peut inclure différentes étapes > Temps 1, Temps 2,Temps 3, etc..

Medium : Papier, crayon

Genre : relevé écrit

Concept : enregistrer le plus de choses possibles en trente minutes dans une zone

Participants : étudiants et professeurs La Cambre / Esad

Durée / Duration : 30mn

Ville / City : Place st Étienne, Strasbourg

Questions : Peut on être objectif quand on tente une description?

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Exhibit

Medium : Feuille imprimé et photos de l’espace décrit la veille

Genre : Lecture – performance

Concept : Tenter de redonner vie à un bloc d’espace-temps

Participants : étudiants et professeurs La Cambre / Esad

Durée / Duration : 5 minutes

Ville / City : Place st Étienne, Strasbourg

Date : mars 2012

Questions :

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Analyse critique / Critical analysis : La lecture -performance n’a pas été préparée et s’est avérée être une sorte de brouhaha sonore qui ne laissait en rien transparaître la finesse et la beauté de l’expérience. Il aurait été préférable de lire moins fort ou d’envisager un autre mode de restitution.

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Protocoles (collectif) d’action / (collective) Action protocols : Observer une zone / l’écrire / la lire

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FREE SPACE

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RECIT D’ESPACE JCL

 IMG_3333w copie

Assis sur un banc, place St Etienne. 30mn.

13mars 2012

Coiffure Claude. Coiffure Claude et Christine (qui sont Claude et Christine ?)

Place St Etienne

Steffesplan

Wokthai

Horaires d’ouverture xxxxx13h xxxx jeudi xxxxx vendredi

Voiture blanche juste devant moi, voiture bleue ESR électricité de Strasbourg réseaux

Librairie Gutenberg à gauche

Corbeau, trois fois croa

10:32 5 jeunes filles langue allemande, passent derrière

soleil

dans la vitrine le coiffeur coiffe, deux hommes d’un certain âge

Rue de la Courtine

La fleur d’Asie

Une petite image

10:34

une femme à vélo, une femme marche

corbeau deux fois

camion Relais d’Or

une petite image

Heineken camion vert

une petite image que je veux décrire, jaune en haut, rose en bas, chiffre 4 à gauche, blason à droite, comme une carte à jouer, un homme médiéval

un homme à pied blouson cuir, sacs tissu bio marqué dessus

femme sac rouge genre moche et prétentieux, la femme est en noir, bruit des pas sur le sol

homme baggy rouge et noir, branché, sérieux, cigarette

homme bougon, écouteurs, pas lourd

camion de la ville de Strasbourg.eu lent, déchets

l’homme au jeu de carte, collerette comme dans les films médiévaux, dessin au trait noir, de profil, qui est-il ? pourquoi cette image ici ?

crrr femmes poussant une poussette

10:38

homme à pied oreillettes, son pas n’est pas sonore

moto

femme âgée, cheveux blancs, le vélo crisse

crrrr crrrr crrrr crrr crrrr crrrr s’éloigne

a droite….

autre vélo, homme, chaussettes blanches, habillé pour la chasse

… interview dans la rue, micro, description d’une maison

Relais d’or s’arrête à droite, miko /

Sur elsass 20 road movie …..cruiiii cruiiii cruiiii camion passion froid pomora passion froid cuit cuit cuit cuit cuit recule voiture blanche pfffffff, cffff camion 2By transport voiture grise Citroen  ouverture de porte  buée un homme en bleu de travail avec queue de cheval 10:41 vélo femme en manteau orange brillant des cartons, un blanc, un gris, dans la rue, un homme en fauteuil roulant, clak clak clak clak clak-clak clak-clak clak-clak clak-clak clak-clak clak-clak clak-clak s’approche clak-clak clak-clak tourne à gauche  relais d’or sort un diable et une échelle

10 :43 camion trans gourmet  vélo 4 cartons trois hommes arice long dale parlent pas français, touristes ? this side passent hésitent sur leur chemin, reviennent, sport, tendent le bras femme le nez en l’air sautille à droite coiffeur toujours un client attend (quand est il entré)  la femme repasse le nez en l’air main se protégeant du soleil regarde la maison à colombage (une vraie car les colombages sont sculptés)  vélo panier vert (velhop) un chien dans le salon de coiffure, gros, gratte le paillasson, pattes entourées de bandelettes blanches deux femmes à talons hauts suivies de deux hommes sans talons hauts trois sifflements le chien tourne dans la vitrine grondement lointain de voiture à l’arrêt mobylette arrière droite / en fait sons en permanence grondements, ronflements deux étudiantes sur le banc à droite rient, claquements, sons métalliques, permanence de ces sons, attention de plus en plus grande aux sons, l’homme popora recharge le carton blanc dans le camion chèque déjeuner, ticket, étoile blanche sur fond bleu, chiens interdits, horaires d’ouverture, ronflement du camion,  wok thaï, saté, curry nittaya lomen aigre douce / nous vivons dans un ronronnement mécanique permanent / le coiffeur sèche les cheveux du client serviette jaune / les camions sont partis, ronronnement lointain calme sur la place, presque calme, soleil, vide, silence bref, claquements lointains, une voiture blanche. 10:51, je me suis laissé emporter par les sons, oublié le temps l’espace ne change guère face à moi, je suis à moins de 10m de la façade, et à part décrire les modénatures et le coiffeur qui maintenant lisse les cheveux du client, il ne se passe rien, les sons prennent alors le dessus  croq saveurs camion Kiehl, matin, heure des livreurs ronde des voitures autour de la place 10:53 les passants se font de plus en plus chorégraphiques avec le temps – ma perception devient plus globale, comme une danse du regard qui sélectionne, les ronflements, les sons sont de plus en plus présents, va et vient entre l’écran de l’ordi et autour, l’homme content, chapeau, a mis son manteau, pointe le doigt, ouvre la porte et sort, vieil homme marche un peu lourde, le coiffeur range.

Les sons des voix sont en dessous des sons des voitures.

Taxi

Vélo qui drelingue, vélo qui crrrrr, vélo doux, le camion a laissé le moteur, voix xxxx de l’argent xxxx petit camion

Je m’arrête d’écrire, j’écoute,

Tout était détail, tout devient cyclique.

30 mn ont passé. Jcl

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RÉCIT DE MARIELLE

La porte de Valenta reliures

La porte est fermée. Le magasin ouvre de 9h à 12h la semaine mais il semble que ce mardi il n’ai pas décidé d’ouvrir.

Il y’a un petit papier indiquant peut-être le motif de cet imprévu mais c’est marqué trop petit et j’ai pas le droit de ma lever.

Je crois que je n’ai jamais vu cette boutique ouverte au final.

Les rideaux grisâtres et la photo cartonnée de reliures laissent à penser que le magasin n’est pas jeune. Cependant la poignée semble être refaite. C’est une bonne poignée en alu, qui a l’air bien trop solide pour cette vieille porte en bois tout sec.

La petite fenêtre de la porte semble rafistolée mais donne un air chaleureux à la boutique.

La porte va bientôt subir le soleil qui l’assèche de jour en jour.

Je crois que personne ne va ouvrir cette porte bordeaux maronnâtre, je ne verrais pas le petit rideau crasseux s’agiter.

Alors je vais attendre au cas où et me concentrer sur ce qu’il passe à moins d’1 mètre de ma protagoniste.

– pour l’instant rien –

Le haut relief du haut de porte me fixe. C’est une fille, grosses joues, bec de lièvre.

Il y a le reflet d’une dame bien trop blonde qui passe dans la vitre de la boutique qui se trouve à moins d’1 mètre de la porte, c’est déjà ça.

Et la c’est l’accélération. Un vieux monsieur cheveux blanc et veste bleue aussi terne que le marron bordeaunnâtre crée un contraste des plus poussiéreux.

En fait je me suis trompée.Le soleil quitte la porte, la boule lumineuse fonce au point culminant et vient buter contre l’avancée de l’immeuble mitoyen qui- ce dernier- crée une zone d’ombre sur la vieille boiseuse.

Grâce à ma vue d’aigle je suis fière de distinguer l’inscription…. NON !

Une femme arrive à l’improviste en simultané d’un homme qui marche parallèlement à un écart de 5 mètres.

Après cet événement, le soleil se cache et l’homme se permet de repasser non chalamment.

Reliures Valenta maison fondée en ./…

Et là c’est le drame, je n’arrive pas à lire la date. Alors je vais en proposer trois et une fois l’exercice terminé je me lèverais pour assouvir ma curiosité.

1803 ou 1909 ou 1907

Mes yeux me font défaut je ne peux pas zoomer tant.

Il y a un jeune avec une chemise qui passe et il est content qu’on le regarde.

C’est génial ! La porte d’à côté s’ouvre et sort une vieille femme avec un chien.

La femme bien trop blonde repasse.

 

IMGP5096

Postface

La date était 1912 et la boutique était « exceptionnellement » fermée ce matin.

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RÉCIT DE JULIETTE

Mardi 13 mars 2012

10h23, place Saint-Etienne.

Je suis assise sur un banc de la place Saint-Etienne, celui du bout, vers la rue du Ciel, le dos tourné à la place. Je vois un homme en jean et t-shirt vert, les cheveux châtain clair, qui balaie devant le Piano Grill dans la rue du Ciel. A ma gauche s’est assis un homme, peu après que j’ai commencé à écrire, une bonne quarantaine, habillé en noir, il lit un magazine, sans doute attend-il ici quelque chose ou quelqu’un,à 30 centimètres de moi. Derrière moi, j’entends deux ou trois enfants qui traversent la place «Regarde ils sont en train de dessiner.» L’homme pose son magazine à sa droite, tousse, et ouvre son cartable, il en sort un papier, je n’ose pas trop regarder. Ah, un prospectus. Devant moi la façade de E. Valentina Reliures, et garés, une twingo blanche, un utilitaire blanc, sept vélos et un scooter. L’homme range tout dans son cartable et se lève, il part à gauche, s’arrête dans la rue des Frères, allume un cigarillo, puis s’engouffre dans la rue des Frères. De la rue du Ciel arrive un utilitaire UCAR «louer c’est rester libre». Un homme en jean, avec une casquette bleue, baskets et écouteurs, entre dans le Piano Grill. Sur le trottoir juste sous mes pieds, il y a des restes de peinture signalétique jaune. Dix centimètres plus loin, coincés dans les crevasses du goudron, une capsule rouillée et un mégot. Un autre mégot traîne sur la route, en fait deux, non dix, jusqu’au petit parking à vélo. Une voiture et un scooter passent. Une femme avec veste noire et robe rouge s’enfonce dans la rue du Ciel. La petite brise fait rouler un bout de mousse noir sur la route. Parmi les sept vélos, cinq sont debout, dont quatre ont un panier en grille métallique noir sur le devant, un est avachi sur son voisin qui est à l’envers, selle au sol, roues en l’air. Un homme, la vingtaine arrive de la rue du Ciel, il porte un cageot de choux blancs et un sac à dos. 10h45 sonnent. Un couple de la soixantaine arrive de la rue du Ciel, passe devant le piano grill et rentre dans la rue de l’Arc-en-ciel,cheveux gris, écharpe orange. Une femme est sortie d’une porte cochère de la rue du Ciel, avec un cadis vert pomme, et a disparu dans la rue. Face à moi, la façade d’E. Valentina Reliure est régulièrement dessinée, ponctuée de fenêtres arquées à petits carreaux au cadre blanc, des moulures décrivent la courbe de chacune et un visage sculpté orne le sommet de chacune. Dans la rue du ciel s’est arrêté un camion blanc, le conducteur est sorti, et sans doute entré dans le piano grill. Une voiture attend derrière. Le camion redémarre, passe devant moi, la voiture pareil. Un mégot s’envole. A ma droite, sur un petit poteau, il y a un autocollant Stras TV. Un autre homme tout en noir pénètre sur la place, traînant des pieds. Sous les voitures garées devant moi, et dans leurs ombres, quelques flaques d’eau ne sèchent pas. Il y a un beau soleil, typiquement strasbourgeois, clair, qui n’empêche pas le petit vent d’être froid. Le banc en pierre sur lequel je suis assise est froid aussi. L’ombre de ma tête et de mon stylo qui se dessine sur le sol à ma droite m’indique que le soleil tape depuis la gauche, et qu’il est plutôt rasant. Le vent s’agite. Une dame en talons passe devant nous. Un autre autocollant Stras TV sur la gouttière enfoncée dans la façade face à moi. «Ça fait une demi heure!» C’est Pauline qui a crié. Une vieille dame sort de la même porte cochère que celle avec le cadis. Elle est courbée sur sa cane, porte un cabas vide à la main, et un imper bleu pastel qui lui va très bien.

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