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MAYOTTE-ROYAUME DES FLEURS
Myriam Omar Awadi

ANWADHWI (arrière-arrière grand-père né à Hadharmout au Yémen), Abdallah Anwadhwi (arrière grand-père né en Grande Comore), Omar Awadi (grand-père né à Moroni, Grande-Comore), Assiata Mohamed (grand-mère née à Moroni, Grande Comore), Aboulbar Omar Awadi (père née en Grande Comore) Myriam Omar Awadi c’est moi, enchanté mai sça peut m’arriver de déchnter. je suis artiste plasticienne, ça veut dire que c’est modelable comme le cerveau d’un enfant ce que je fabrique, et mon nom de famille s’est figé dans un passeport, une carte d’identité, un concept nationaliste (dans les années 70), j’étais pas encore née. Si on avait suivi la logique qui conserve dans nos noms toute une généalogie (patriarcale effectivement) je m’appellerai Myriam Abdoulbar Omar et mon enfant Naïm Nicolas Marcel. Je viens d’une famille “aristocrate” comorienne qui ne cesse de s’éteindre dans ses origines sultaniques, il ne faut surtout pas rappeler nos origines bantou, nos origines “Mchenzi” (esclave en swahili). Alors, un peu comme une fuite, une fenêtre,  je préfère m’inventer une source dans l’al wadi, en arabe la vallée, une région située de part et d’autre d’un cours d’eau, je ne sais pas comment on dit vallée en swahili. je ne parle que français alors que beaucoup d’autres langues m’habitent.. J’ai appris ici qu’il est parfois primordiale de se renommer. Joséphine Bourhis (arrière arrière grand-mère née à Scaër dans le Morbihan en Bretagne, elle était paysanne), Corentin Guérer (arrière-grand-père né à Scaër, paysan) Anna Guèrer (grand-mère née à Scaër dans le Morbihan), Elisabeth Jacqueline Charpentier (ma mère, né à Brest dans le finistère, fin de la terre), son père s’appelait Robert Charpentier (né à Saint-Thurien, finistère), il était vitrier, je trouve ça beau de découper de la transparence, ouvrir des horizons dans les maisons avec un nom pareil “charpentier”, (je m’invente aussi là) et puis il a été tailleur plus tard (je m’invente encore là, je suis fascinée par la broderie et les dentelles des coiffes bretonnes), iels ont aussi tenu un café à Brest, Le Saint-Marc. Robert était suicidaire depuis son retour du travail forcé en Allemagne à vingt-cinq balais, il passait son temps à mettre sa tête dans le four à gaz. Je sais dire seulement “merde” en breton. J’ai la peau noire, je l’ai appris par un enfant à l’école primaire “Elsa Triolet” à Nanterre. Elsa Triolet! (sourire) Je vis à la Réunion depuis que mes parents se sont rendu compte que Paris, l’Hexagone, la France, j’aime pas dire métropole (pour moi, française de souche, c’est loin d’être le centre ce territoire géométrique) depuis que la France donc a eut peur de nos noms et de nos couleurs. Ici je me rends compte que je migre en inversé dans les “outre-mers” avec un passeport français (quand même), ce qui est un immense privilège. Pour le reste, la généalogie artistique, je crois que Yohann a déjà fait l’arbre, je dois juste rajouter que je suis revenue ici à Mayotte en Juin 2021 pour une résidence en milieu scolaire à Majicavo (la première fois c’était  il y a vingt ans). Le jour de mon arrivée, Le Royaume était en pleine Trépidanses, j’ai retrouvé JC que je n’avais pas vu depuis un By Night en 2013 à Saint-Denis de La Réunion et j’ai rencontré Marie Sawiat et Djodjo Kazadi, j’ai vu  les montagnes qu’ils soulèvent, je découvre encore, j’en apprend chaque jour et  je suis encore sous le choc. Voilà, c’est compliqué, et c’est loin d’être facile, il faut lire les entretiens des prince.sse.s du Royaume pour comprendre. En secret, je suis aussi là pour chercher les voix, les chants de mes kokos rebelles, et mettre en place une barge entre l’archipel des Comores et celui des Mascareignes, il faudra aller beaucoup plus loin que ça pour nous réunir, j’ai envie de croire que nous sommes sur la bonne voie, 

la preuve ?

 



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