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Mayotte-Royaume des Fleurs-
esquisser#12
Mohamed Alifeyini – Lilce

Je souhaite réaliser un projet au abords de la barge qui relie Petite Terre et Grande Terre, pour parler de ce que j’ai traversé et partagé avec les autres artistes durant cette résidence.


Vendredi 24 et samedi 25 septembre, sur 2 après-midi et débuts sont présentés dans les espaces urbains et naturels de Grande Terre une série d’esquisses de projets (performances, installations, vidéos…) quelque chose d’un geste en devenir s’y lit. Les projets ne sont pas finalisés, comment auraient-ils pu l’être en 3 semaines de résidence alors que les étudiants de Strasbourg et de La Réunion venaient à Mayotte pour la première fois. Il leur fallait avant tout commencer à comprendre où ils mettaient les pieds afin produire des gestes suffisamment en résonance avec les réalités très complexes de l’ile. Certains projets devraient être poursuivis prochainement d’autant que certains étudiants nomment leur désir de prolonger un temps leur présence ici.

Je me présente Mohamed Alifeyini, je me surnomme Lilce, j’habite à Passamainty, grande terre à Mayotte. Je suis né à Anjouan, dans mon île. Mon père est  malgache, né à Madagascar, et ma mère est Anjouanaise de naissance. Ma mère s’appelle Andilati Ahmed, et mon père Haduirami Mohamed. Actuellement, ma mère vit sur Anjouan et mon père ici, à Mayotte. Mes grands-parents sont Anjouanais, et décédés aujourd’hui. Mon grand-père est Ahmed et ma grand-mère Hassanati.

Je me sens Mahorais, Anjouanais Malgache. 

En ce moment, je vis ma passion, et ma passion est la danse. Ça se passe en petite terre sur le Boulevard de crabes, à Dzaoudzi-Labatoire, à côté de la plage de Faré, et ça s’appelle le Royaume des Fleurs, avec la compagnie Kazyadance. Je donne des cours de danse, et je me produis aussi dans des spectacles de danse. 

Avec la venue des scénographes, j’apprends un peu de leur métier à partir des partages pendant la résidence. J’apprends certaines choses pour la danse, le rapport à la scène, le rapport aux lumières, aux décors. 

Je vois trois espaces triangulaires, le premier espace est lointain, il symbolise le ciel, un espace qui est en dessous des deux autres espaces. Le deuxième espace symbolise la mer, espace moyen, un espace auquel on peut s’adresser. Le troisième espace est intime, il symbolise la terre, on peut voir des êtres humains et des automobiles circuler, on peut les voir se croiser, se chevaucher, une espace de rencontres. Dans cet espace intime on voit deux corps attachés l’un à l’autre à des poignées, avec une chaîne qu’ils explorent, des marches, des mouvements répétés, des gestes qui s’adressent aux trois espaces avec des mouvements fluides, lents, rapides.

Dans l’espace intime les deux corps regardent les personnes qui passent, les voitures ainsi que toute chose qui passe devant eux. Les deux corps imitent les gens qui passent devant eux ou qui viennent derrière eux.Ils dansent avec des mouvements d’expression corporelle. Dans le regard de tous, les deux corps enchaînés se regardent, ils s’aventurent dans la rue, tête vers le ciel, ils tournent pour regarder à gauche et à droite en avant comme en arriere, assis au bord, allongés au sol, pour aussitôt se mettre debout, avancer devant les gens qui vont les croiser, les regarder quand ils passent devant eux, ils imitent les gens, que ce soit en parlant, en faisant des mouvements des gestes et des signes.

Une marche pour aller prendre la barge pour aller à Mamoudzou, une marche pour prendre la barge pour aller à petite terre. Une traversée d’hommes et femmes.

Une vie de retour à un point de départ, pour aller vers notre point de départ.

Une traversée NISSICHIA.

 



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