Mayotte-Royaume des Fleurs
esquisser#9
Tina Miradji
Il y a un endroit, un endroit à moi, dans lequel j’aime être, c’est derrière la gendarmerie de Pamandzi. Quand je ne me sens pas bien, je vais là-bas. Je m’y sens tranquille. Mais après c’est un endroit sans public, alors j’ai pensé à l’aéroport parce qu’au moins il y aura du monde et je pourrai m’exprimer en dansant.
Il y aura deux danses différentes, une danse qui racontera mon passé et une danse qui racontera mon avenir. Mais pour le moment je ne sais pas trop. Je l’appellerai peut-être “Noir et Blanc” mais je ne suis pas encore sûre. Le noir pour moi c’est mon passé, parce que j’ai eu un passé vraiment sombre, le blanc c’est mon avenir, parce que je fais ce que je veux faire depuis longtemps mais je n’avais pas encore les moyens de le faire.
Vendredi 24 et samedi 25 septembre, sur 2 après-midi et débuts sont présentés dans les espaces urbains et naturels de Grande Terre une série d’esquisses de projets (performances, installations, vidéos…) quelque chose d’un geste en devenir s’y lit. Les projets ne sont pas finalisés, comment auraient-ils pu l’être en 3 semaines de résidence alors que les étudiants de Strasbourg et de La Réunion venaient à Mayotte pour la première fois. Il leur fallait avant tout commencer à comprendre où ils mettaient les pieds afin produire des gestes suffisamment en résonance avec les réalités très complexes de l’ile. Certains projets devraient être poursuivis prochainement d’autant que certains étudiants nomment leur désir de prolonger un temps leur présence ici.
Je m’appelle Tina Miradji, je viens de Grande-Comore, ma mère Fatoumia Kassim est grande Comorienne. Mon grand-père maternel s’appelle Cassim. Mon père est Anjouanais. Je ne connais pas le nom de mon grand-père paternel, je n’ai jamais connu mon père alors je connais juste son prénom et je ne connais pas vraiment sa famille. Ma grand-mère paternelle est morte avant que je naisse alors je ne sais pas. Je ne connais pas le vrai nom de ma grand-mère maternelle, je l’ai toujours appelée par son surnom “Sisse” parce qu’elle a les cheveux blancs. Elle est de Grande Comore, comme ma mère.
Moi je vis à Mayotte, je suis Comorienne et fière de l’être. Je suis ici depuis 2009 et c’est seulement maintenant que je commence à découvrir Mayotte. Avant je ne sortais pas, je restais à la maison, je ne faisais rien mais depuis que j’ai obtenu mon Bac j’ai commencé à rencontrer des gens, des choses. Je ne considère pas Mayotte comme un lieu de passage, c’est une maison pour moi, parce que je ne sais pas si je pourrai sortir d’ici, et même s’il fallait que je parte, j’y reviendrai, j’ai choisi de faire ma vie ici.
Avant je ne connaissais pas le Royaume des fleurs, j’en avais juste entendu parler. Et puis j’ai discuté avec un ami, Elhad, il m’a proposé de découvrir le lieu, j’ai vu la salle de danse. C’est comme une famille là-bas, on se sent en famille quand on est là-bas, on se sent confiant, on découvre, on apprend beaucoup de choses, j’ai aimé tout de suite. J’ai aussi découvert Mayotte à travers la danse du chorégraphe Jeff Ridjali et depuis je me sens liée au Royaume des fleurs.
La première fois, c’était une surprise de rencontrer les étudiants et enseignants, à part JC qu’on connait bien. Cette rencontre m’a, comment dire, je ne parle pas beaucoup, mais j’ai senti très vite de l’amitié entre nous, on est comme une grande famille. Ils nous apportent des choses géniales, des idées que nous, danseurs du Royaume des fleurs, ne connaissions pas.
Le passé L’avenir