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LE MARCHÉ DE LA MEINAU
Léa Broussard

Ma première approche du marché de la Meinau :

un «  non-lieu ».

Je suis une anonyme solitaire dans un espace de transit. Les flux et temporalités qui le traverse me sont étrangers. Je suis à la recherche de quelque chose. Quelque chose dont je ne connaît pas l’identité.

Filatures.

J’observe une femme discrètement, je la suis. Puis une autre. Je ne suis pas à l’aise. Les acheteurs sont des passagers à bords, moi, je suis clandestin. Il faut trouver un autre protocole.

« Elle fait la gueule depuis qu’elle est petite » : exemple parfait de ce que l’on peut m’assener. Cela pourrait expliquer ma difficulté à accoster les passants. 

Un jour, un marchand m’offre un melon pour 10 ct. Je proteste mais il sourit. 

Voilà, c’est le sourire la clef, je vais simplement les faire sourire. Peut-être vont-ils s’arrêter ?

Première tentative.

Je suis immobile dans l’espace, je leur souris. J’enregistre. Je suis filmée mais on ne voit pas mon sourire, on voit le leur. Peu à peu, je cesse de scruter le vide. Je cherche le regard des gens. À intercepter la trajectoire qu’ils se sont fixés ; regards fuyants, étonnés, inquiets. Alors je leur souris et ils semblent surpris.

Moi aussi.

Deuxième tentative.

« Souriez, vous êtes filmés » : je brandis un panneau sur lequel on peut distinctement lire « souriez ». Dans le panneau, une petite caméra dissimulée.

Une femme me saute dessus. « Souris, souriez ! », elle cri. Une autre part d’un rire éclatant faisant se retourner les passants. Le visage d’un homme s’illumine en déchiffrant l’écriteau.

« Vous auriez du me filmer, c’est pas souvent où je souris »

 



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