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Shembe is the way > travail construit à partir d’une marche avec Sello Pesa

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Auteurs / Authors : Sello Pesa, Eléonore Hellio, Eve Chabanon, Marielle Agboton, Janike Fourie, Marie Fricout, Enjay Ndlovu

Axes de recherche / Research axes (Play/Urban)  : Theatricality / performance, Generate audiences, people as infrastructure

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In situ (may include different times > time 1, time 2, time 3, etc..)/ peut inclure différentes étapes > Temps 1, Temps 2,Temps 3, etc..

médium : carnet, appareil photo

genre : Ballade, récit

concept : Découverte de différents lieux de culte

participants : All

durée : 2 jours

ville : Joburg, quartier Jeppestown

Questionnements :

– Les lieux de cultes visités et les histoires sur les pratiques de ces lieux sont-ils fictionnels? Mise en doute des versions de Sello et Brian.

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Exhibit

médium : Bière, photos, craie, journal…

genre : Performance

concept : Restitution du doute ressenti par les performeurs lors de leur propre découverte des lieux de culte en rapportant les histoires racontées par Brian et Sello, même dans leur contradiction. Raconter un même moment plusieurs fois, différemment, multiplier les narrateurs et complexifier la linéarité d’une histoire. Adresse au public ambiguë, complot des performeurs pour une perte de repères des visiteurs.

participants : performeurs en interaction avec le public de l’exposition

durée : 2h30

ville : Joburg, vansa

date : 5 septembre 2012

Questionnements :

– Comment faire une performance sans que le public ne s’en rende compte à priori ? Créer un circuit pour le public sans utiliser de démarcation. Comment raconter une histoire (adresse, contexte, artifices utilisés, découpage de la narration, ancrage dans le réel, contacts avec la fiction)

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Analyse critique / Critical analysis : temps infini, indéfini, trop long de l’ensemble de la performance, épuisement de la prise de parole en relais

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Protocoles (collectif) d’action / (collective) Action protocols : Alpaguer un visiteur de l’exposition pour lui raconter notre ballade sans qu’il ne prenne conscience qu’il s’agit là d’une performance continuellement répétée à d’autres visiteurs. Prendre le relais d’un performeur à un autre > plusieurs narrateurs qui se succèdent racontent la même histoire en utilisant différents moyens d’expressions.

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FREE SPACE

TIGERS IN AFRICA / Eve Chabanon

1.0

Initialement rédigée sous la forme d’une lettre adressée à Julia Reth (chargée des relations internationale de la HEAR), en novembre 2013, ce texte est ici re-éditer sous forme de notes. Il fait état du programme de recherche PlayUrban, conduit en septembre 2013 à Johannesburg et accueillie par le centre d’art sud africain Vansa et le département des arts de l’University du Witwatersrand.

1.1

La difficulté d’un quelconque rendu du mois de résidence tient à la mise en tensions d’événements disparates, menés collectivement. Ce document constitue la trame d’un ensemble de réflexions hasardeuses articulées subjectivement. Il s’agit d’un témoignage personnel. Chaque personne ayant participé au programme tient sa propre version des faits. Quatre événements publics à Vansa et une exposition à la Chaufferie de Strasbourg, ont jusqu’alors permis d’en dévoiler, en partie, les aboutissants.

2.0

PlayUrban est un programme de recherche mené par des enseignants et élèves issus de trois écoles : la Haute École des Arts du Rhin de Strasbourg, la Wits School of Arts, University of the Witwatersrand de Johannesburg et l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa. Les horizons divers des participants induisent un relief culturel et social indéniable. Si d’heureuses rencontres se sont produites, cela a aussi demandé un temps d’adaptation de la part de tous les participants, auquel s’ajoute la compréhension de l’environnement. En effet, l’assimilation du dispositif économique, social et politique de la ville est un facteur supplémentaire. Ces notions n’ont été abordée qu’en surface compte tenu du temps impartit. La complexité de l’ensemble, les tensions qui en découlent et l’adrénaline que cela procure, soumet indéniablement les projets réalisés.

3.0

Durant le programme, chaque participant est amené à envisager la notion d’urbanité par l’exploration du territoire.

3.1

Compte tenu de notre rôle « d’artistes de passage », quelles sont les conditions de nos interactions avec le dispositif d’accueil ? Quelle est la posture à adopter ?

4.0

Lindsay Bremner*, Writing the City into Being: Essays on Johannesburg, 1998–2008, Johannesburg : Fourthwall Books, 2010. [Voir les chapitres : Listening the City, Writing the City et Imagining the City.]

* Lindsay Bremner est docteure en architecture. Elle dirige l’institut de recherche d’architecture de l’Université du Westminster.

4.1

[D’après les doctorants en urbanisme Dirsuweit et Schattauer*, les enclaves inhérentes au contexte économique et politique du Joburg d’aujourd’hui font de ses riverains des témoins passifs, touristes dans leur propre cité.]

* Teresa Dirsuweit & Florian Schattauer, “Fortresses of Desire: Melrose Arch and the Emergence of Urban Tourist Spectacles”, dans GeoJournal, n° 60, issue 3, p. 239 – 247, juillet 2004.

5.0

L’épisode suivant a considérablement marqué la suite des événements :

*« Un dimanche, en milieu de journée, sur une place du centre-ville. Une grande tante blanche sous laquelle sont installés des sièges en plastique. Des immeubles fatigués. Des commerces. Les restes d’un night club, aujourd’hui hôtel de passe. Éléonore ramasse des os. On dirait la mâchoire d’un petit animal. Plus loin des fragments d’une crosse de pistolet. On s’assoit sur des bancs publics à l’écart. Un type. Il semble travailler pour une entreprise de pompe funèbre. Il a des yeux bizarres. Il distribue des tractes. Éléonore me dit que c’est un extraterrestre. On discute avec des gens du quartier. Un homme joue avec un poulet. On voit mal. Un autre sur un tas d’ordure est défoncé au crack. L’homme des pompes funèbre continu à distribuer ses papiers. J’en ai cinq dans les mains. On attend. Ça commence. Non. Ça a commencé. Dès qu’on est sorti de la voiture l’organisme s’est mis en branle. Le mec au poulet danse. Celui des pompes funèbres aussi. Un troisième. Le vieux à côté me demande ce qu’ils font. Il est aussi étranger que moi dans sa propre cité. »

* Notes à rééditer.

5.1

« “Jeter son corps dans la bataille”, a écrit Pier Paolo Pasolini. Ce sont ces mots qui m’ont inspiré à monter sur la scène », Raimund Hoghe.

5.2

En moins d’une heure les membres du collectif Sello Pesa changent définitivement notre perception de la ville. Grace à eux, nous réalisons la force de l’impacte que constitue notre présence sur l’équilibre de la citée. Avec cette performance, nous sommes invité à refuser toute forme de passivité durant les jours à venir.

5.3

Changer le potentiel de son état : Narcotourisme [cf. Gabriel Orozco].

6.0

La performance collective Shembe Is The Way est réalisée à l’occasion du second événement public du mois de recherche au centre d’art Vansa. Elle s’inscrit suite à la rencontre avec le collectif de danse Sello Pesa, et est conçue avec la participation et la bienveillance de ses membres. Shembe Is The Way rend compte d’un parcours emprunté à deux reprises par Eléonore Hellio, Eve Chabanon, Marielle Agboton, Janike Fourie, Marie Fricout, Enjay Ndlovu, sur deux jours consécutifs, guidé tour à tour par Sello Pesa et Brian Mtembu. Le trajet est rythmé par la visite de différents lieux de cultes, dont le Marché Mai Mai, dernier emplacement commercial de la culture Bantu**, des parcs potentiellement églises Shembe*** à ciel ouvert, et un centre commercial mosquée. La performance naît du doute émis à l’égard des mystagogues* improvisés et est inspirée de leurs écarts narratifs.

* « Du grec ancien μυσταγωγός, mystagogos (“ mystagogue, chargé des initiations ”) composé de μύστης, mystes (“ initié ”), et ἄγω, ago (“ mener, conduire ”). […] Prêtre qui initiait aux mystères de la religion », d’après Wikipedia. Lien URL : http://fr.wiktionary.org/wiki/mystagogue dernière vérification en octobre 2013.

** Terme, étendu au sens ethnographique dérivé, qui regroupe un ensemble de peuples d’Afrique.

*** Secte sud africaine mêlant christianisme et culture Bantu.

7.0

Transposé dans le contexte de l’exposition, l’environnement urbain trouve une nouvelle forme opérante de lecture. Psychogéographier* nos déambulations – selon le terme situationniste induisant une volonté de dépassement, une promesse de libération des conditions historiques par une réappropriation du réel – est une forme de restitution à la fois visuelle, sonore et haptique. Shembe is The Way est composé de six narrations distinctes, exposées tour à tour à un membre du public sélectionné. Chaque performeur témoigne d’une forme de cinéplastie, d’un rendu fragmentaire à la manière de clichés cinématographiques, une tentative de traduire le dépaysement urbain vécu à la fois durant le trajet effectué et face à la ville de Johannesburg. En négociant avec l’origine du culte, pour mieux le mettre en crise, en jeu, en perspective, les performeur ont intégré une dimension accidentelle aux dérives. Les prises de notes ont été faites de façon non-linéaire, le paysage urbain et ses échos théoriques mis en scène sous la forme d’un puzzle. À travers une succession d’ambiances, dans un montage singulier lié à la diversité des décors traversés, ils ont établi une cartographie émotive. Le dispositif performatif déjoue et rejoue le réel, réconcilie théorie et expérience. Shembe is the Way réinterprète la cartographie établi, qui, selon les mots d’E. Faure, induit une phénoménologie du déplacement dans sa pleine signification de drame plastique en action. Son propre mouvement précipite la performance dans la durée où elle entraine avec elle son espace et son temps.

* « La psychogéographie se proposerait l’étude des lois exactes, et des effets précis du milieu géographique, consciemment aménagé ou non, agissant directement sur le comportement affectif des individus. », Guy Debord, « Introduction à une critique de la géographie urbaine », dans Les Lèvres nues, n°6, Bruxelles, 1955.

7.1

“It wasn’t the valley of death I was walking in

It was the valley of confusion for many years

Different religions, different beliefs

Undermining my culture

Looking down upon my tradition

Making fun of my language

Telling my children, they have no God

Finally I can tell them about,

Shembe is the way”

extrait de Shembe Is The Way, Lucky Dube

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“Finding a way. Finding a way of mapping and facilitating artistic lingo, comes with the challenge of using deep philosophical rhetoric that’s supposed to be significant each time I say it “because I should know. I’ve struggled (studied) with it for the past 50 years (to no avail) for I was compelled (overwhelmingly conflicted) to do it” type language. This romantic, and rather Beethovenesc (smart word) attention to ‘insider’ seems like a little bit for me, personally. But who am I to anyway: to speak as one with the leverage of agency. (Thee, though, thou, thou!).
Have we really progressed from the lives in the Vasari standard, or have we just merely defined ourselves against it. Like it or not, that elitist canon (There I go again), is still the Ideal. And when will this need change and challenging the man, the way and the dark eventually decay? Wasn’t it relevant for a time of flower pot and whipping. Those struggles are gone! Now what? (Oops, that sounded preachy: a splash of inner conflict should suffice). Why, who, where am I, Art? And what’s with this Baroque-like fascination with the gore of inner conflict? Everyone has it – so What? When will we stop being mirrors of the disciplines of psychology, philosophy, medicine, science and law; and start becoming artists (painters without a cause!)? Have we finally surrendered to our Kodak master, that we have a need to “branch out” to other ways of representation: trying to convince ourselves its visual art. Or should we submit to the possibility that our time as fine artists has past. We’ve known this all along; sorry eh, problematizing the idea of the artwork. Yes, the pretty one. Trying to react to our own devaluation, we’ve now played a part in it: while pushing the “boundaries” and ourselves out of the way in the “process”. I therefore declare the demise of the * visual art institution. It’s just a hobby, an obscure one. We have known this all along.

This came from a place there’s need for comparison.
Choose art and hope for the best.
Fill these white cubes: with nothing.
Another work for the lecturer.
Imagine an artwork. Keep imagining.”

Texte written by Ngceboyethu Ndlovu

Etape n° 1 : Eléonore Hellio
Bière artisanale
Proposer au public de boire un verre de bière artisanale et utiliser les photos mémorisées dans son téléphone portable pour raconter où et comment a été acheté la bière.

Eléments visuels et objets à partir desquels s’est construite la narration.

Photos prises pendant l’action performative. Le nom de chaque buveur sera inscrit sur son gobelet.

Etape n° 2 : Marie Fricout
Récit, on/off space

“Nous sommes allés du côté de Jeppestown, nous sommes arrivés dans un parc, ouvert sur la ville, où des adolescents jouaient un peu au foot. Ce parc est un lieu de culte, c’est le lieu de culte de la Shembe church. Si l’on y va un samedi le parc est encerclé de rubans blancs qui délimitent l’espace du culte. A l’intérieur de celui-ci les gens sont habillés en blancs et pieds nus. Les femmes les hommes et les enfants sont séparés en trois groupes.

Mais pour l’instant, là, aujourd’hui nous voyons des adolescents jouer au foot

et l’on nous dit que c’est une église.

Plus loin nous voyons un parc de jeux pour enfant entouré d’une grille. Nous tentons d’y rentrer. L’entrée a été fermée avec un cadenas. Quelqu’un a décidé que l’entrée était interdite. On regarde ces jeux d’enfants, à travers les barreaux, coincés entre 3 bretelles du Highway

et l’on nous dit qu’ici c’est une église.”

Etape n° 3 : Marielle Agboton
Playground / Prayground 

Etape n° 4 : Ève Chabanon

“Dans un contexte d’exposition, il faut savoir se tenir. Les artistes ont cette réputation d’être un peu décalés, ce qui facilite notre prise de contact avec un membre choisi du public, souvent trop poli pour nous envoyer promener. Après avoir gouté une bière artisanale à l’aspect douteux, participé à une séance de cartographie, écouté différentes histoires de lieux, visionné des photos sur des téléphones portables, le spectateur contraint par un système dont il ne saisit par encore la tournure est interpellé sur le thème des hétérotrophies. Souvent étranger au concept, il participe poliment à la conversation avant d’avouer un sentiment de déjà-vu. Ici, il est question de ces « espaces autres », ceux qui ont rythmé nos déambulations des deux derniers jours et qui ponctuent les interventions des performeurs jusqu’alors incognito lors de cet événement publique. Shembe Is The Way est une performance participative dont le spectateur acculé saisi les aboutissants par la répétition d’événements, pris au piège dans les multiples versions d’un même récit.”

Autres étape : non-décrites

Cartographie des fictions urbaines performées réalisée par Marielle Agboton sur Illustrator à partir des ébauches.

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Schéma préparatif de la cartographie sur le carnet d’Eléonore Hellio pour trouver collectivement les cheminements possible de la narration.

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