Cimetière de la Meinau / Meinau Cemetery
Auteurs / Authors : Juliette Steiner, Jc Lanquetin, Lucas Bonnel
Description : Marche exploratoire avec THEATRE DES OPERATIONS en tête, dans le quartier de la Meinau : débouche sur une exploration dans le Cimetière de la Meinau, documentée. Suivi d’une restitution sous forme de performance à Pôle Sud.
Axes de recherche / Research axes (Play/Urban) : Théâtre des opérations / Play.
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In situ (may include different times > time 1, time 2, time 3, etc..)/ peut inclure différentes étapes > Temps 1, Temps 2,Temps 3, etc..
Medium : photo et notes.
Genre :
Concept : Marche exploratoire avec un concept / Mot clef en tête (oriente la lecture de la ville).
Participants : Juliette Steiner, Jc Lanquetin, …
Durée / Duration : 2 heures.
Ville / City : Strasbourg, quartier de la Meinau.
Questions :
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Exhibit
Medium : Performance et projection photo & vidéo.
Genre :
Concept : Récit de marche.
Participants : Juliette Steiner (Performance), Jc Lanquetin (photos), Lucas Bonnel (live vidéo), Floriane Jan
Durée / Duration : 30mn
Ville / City : Strasbourg, La Meinau
Date : Avril 2012.
Questions :
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Analyse critique / Critical analysis :
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Protocoles (collectif) d’action / (collective) Action protocols :
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FREE SPACE
Une marche de Jc Lanquetin & Juliette Steiner.
Récit : Jc Lanquetin.
Nous quittons les salles de Pôle Sud, où nous travaillons et nous marchons au hasard, comme à chaque fois que je commence une expérimentation dans Play/Urban, ma tête est un peu vide. On discute, on regarde, on ne sait pas trop par où commencer. On a cette phrase en tête, THEATRE DES OPERATIONS, on scrute autour de nous à l’affut de ce qui pourrait résonner (état étrange au début des expérimentation où l’on cherche la connexion, on se demande si elle viendra…). Un terrain vague entre les immeubles, une forêt au loin. Petits sentiers on marche dans l’herbe. Une rue, un mur en béton, ciré : un cimetière musulman. Il est vide, juste trois tombes. Visiblement récent. Bel endroit, construit avec attention. Au fond, un grillage, un portail fermé, en face un autre cimetière, chrétien semble t’il, beaucoup de tombes. Entre, un terrain vide. Nous avons notre théâtre des opérations (un terrain vague entre un cimetière chrétien et un cimetière musulman… aubaine ?). On contourne, pour essayer d’y accéder. Difficile. Nous entrons alors dans le cimetière chrétien, grand, beaucoup de tombes, organisé en carrés. En approchant du terrain entre les deux cimetières, nous découvrons… un carré musulman.
Beaucoup de tombes, des tombes d’enfants notamment. Pourquoi alors un cimetière séparé alors que visiblement depuis longtemps les musulmans sont enterrés dans le même cimetière que les chrétiens. Nous explorons et le carré musulman fait place à un espace où toutes les nationalités se mélangent. Tombes très décorées, de véritables installations, brebis, fleurs, gravier, objets personnels (chapeau, voiture miniature, oiseaux, portraits…
Puis, un autre carré musulman. Puis, ceci :
Victimes civiles soviétiques, puis soldats soviétiques. Mais aussi des victimes civiles serbes, des déportés politiques…
Deux soldats indiens.
Des tombes anonymes.
A ce stade nous sommes un peu sidérés. Nous errons de carré en carré, la plupart sont remplis des tombes chrétiennes d’un cimetière familier. Mais en fait, ce n’est pas fini.
Plus loin, un drapeau français, et juste dessous des tombes militaires, sommaires, en bois, alternant musulmans et chrétiens, parfois même à deux dans une tombe, un musulman et un chrétien. Tous soldats français. Les dates sont improbables, elles semblent ne correspondre à rien, sinon aux guerres coloniales. Elles courent tout au long du siècle, des années 20 aux années 60.
Je comprends que c’est l’histoire de l’Alsace que nous sommes en train de traverser.
Plus loin, il y aura encore ces tombes extrêmement décorées, chargées, comme des micro espaces d’une expression étonnamment personnelle, investie. Et parfois, au milieu des tombes chrétiennes, une tombe musulmane. Cela en devient émouvant quand nous débouchons sur un carré presque vide ou seules quelques tombes d’enfants plus ou moins abandonnées sont disposées dans l’herbe. Et encore ce mélange chrétien-musulmans.
Enfin, juste derrière, la légion étrangère. Noms à consonance allemande.
Jusque ici, c’est juste le récit d’une marche avec Théâtre des Opérations en tête. Cela pourrait devenir une enquête sur les événements militaires dont ce cimetière porte la trace. Cela pourrait être une manière d’interroger l’histoire des relations entre communautés musulmanes et chrétiennes en Alsace.
Cela devient un dispositif performatif de Juliette Steiner, avec … qui nous a rejoints au cours de la promenade.
Les règles du jeu nous demandaient, pour la restitution, de nous associer avec un autre groupe, celui de Floriane Jan et Djo Bolankoko.
(à suivre)