LE MARCHÉ DE LA MEINAU
Pauline SCHAETTEL
J’AI PHOTOGRAPHIÉ DES GENS EN PLEINE PROCESSION DANS CE DRÔLE DE RITUEL QU’EST LE MARCHÉ DU JEUDI. LA MISE EN PLACE DE CETTE SÉRIE DE RELATIONS ÉPHÉMÈRES M’A TOUT DE SUITE PORTÉ VERS LA PHOTOGRAPHIE : ELLE M’A PERMIT DE TRAQUER LA GÉNÉROSITÉ DU MARCHÉ DE LA MANIÈRE LA PLUS ÉVIDENTE, DANS LES VISAGES, LES AMITIÉS. LES RENCONTRES.
ELLE M’A ÉGALEMENT SERVIT DE MONNAIE D’ÉCHANGE. RESPECTANT LE JEU DE L’ACHETEUR/VENDEUR J’AI AINSI TROQUÉ UN SOURIRE CONTRE LA PROMESSE D’UNE PHOTOGRAPHIE DE CELUI-CI.
L’ACCUEIL FUT TOUJOURS GLOBALEMENT BON, MAIS CERTAINS CLIVAGES DEMEURENT ET BEAUCOUP DE FEMMES ME REFUSÈRENT CE PRIVILÈGE. J’EN REPARTAIS PLUS MOTIVÉE ENCORE, JE ME SOUVIENS D’UNE GRANDE AFRICAINE, DISTINGUÉE. ELLE ÉTAIT CUISINIÈRE. ELLE DISCUTA AVEC MOI MAIS REFUSA LA PHOTO.
LA SEMAINE SUIVANTE JE REVENAIS AVEC MES TIRAGES.
UNE PEINTURE. JE REPENSAIS AU MARCHÉ ET ME RAPPELAI CES ARCHITECTURES DÉMONTABLES, FRAGILES, FRIABLES. J’EUS ENVIE D’EN CRÉER DE NOUVELLES AVEC LES MÊMES MATÉRIAUX, LA MÊME LISTE. COMBIEN DE POSSIBILITÉS AVEC LA MÊME MATIÈRE ? J’EN FIS DE GRANDES PEINTURES NUMÉRIQUES, ESPACES PHYSIQUES DEVENUS MENTAUX, LA MATIÈRE S’ÉCHAPPE ENCORE POUR VENIR TOUCHER LE RÉEL. ELLE NE SONT PAS TERMINÉES. JE PENSE À UN DISPOSITIF.
DEUX SEMAINES PLUS TARD J’ÉTAIS EMBAUCHÉE DANS UN BAR ET JE NE TARDAIS PAS À RENCONTRER SYLVIE, CUISINIÈRE, QUI N’ÉTAIT AUTRE QUE LA FEMME DU MARCHÉ. LE PROJET DE LA FAIRE CUISINIER À LA CHAUFFERIE SE CONCRÉTISAIT.
JE VAIS CRÉER UNE ARCHITECTURE, DÉMONTABLE, AUTOUR DE SYLVIE, POUR LE DON, L’ÉCHANGE, POUR SON REFUS, LUI CRÉER SON ESPACE,
SON STAND.
AUJOURD’HUI J’AI UNE PHOTO D’ELLE